Trois filles, deux gars

Publié le par Picardine





Aout 1960; le temps des moissons.

Ils sont nés à la saison des épis de blé.

Fabrice, Patrick, Christine, Marie-Thérèse et Anne-Marie.

2010 ; l'année de nos 50 ans ; un demi-siècle.

Joie et fête qu'on élabore depuis de nombreux mois.

Et puis, le nouvel an ouvre ses portes, Janvier propice aux échanges.
Des nouvelles distribuées aussi bien les bonnes que les mauvaises.

Par l'intermédiaire de mon oncle ; qui plus est mon Parrain, j'apprends que la première de ses filles, Marie-Thérèse est au plus mal.

Le cancer ne la lâche pas . 

Touchée par celui ci il y a 20 ans sur le sein droit, quelques années aprés le gauche.
Rayons, Chimio, Ablation, Prothèse, soignée et suivie sur Paris à Villejuif pendant de nombreuses années.
Toujours des hauts et des bas, mais une volonté de fer à vivre, se battre gagnée.

Marie-Thé avait un caractère dur, fort, une battante.
Enfants, ados, nous étions si différentes.
Nos rencontres ne se passaient pas trés harmonieusement bien .

Elle était brise fer, me cassait mes jouets, mes poupées !!

Colèreuse, on se disputait assez souvent, j'étais trés timide, elle me dominait, mais c'était ma cousine.

Quand j'arrivais chez eux, me prenait de haut puisque vêtue d'une jolie robe, de souliers vernis ; elle garçon manqué traînant avec eux aussi, et moi nunuche qui n'avait pas l'autorisation de bouger sous le joug des parents, de Maman surtout .( tu vas te salir....)


Je m'entendais mieux avec Isabelle, plus jeune et plus posée .

Lorsque je  suivais  Marie-Thérèse pendant la période de notre adolescence,
rejoignant les garçons pour fumer une menthole, à l'époque c'était ses cigarettes préférées.
nous promener dans les marais, moi pauvre cruche équipée comme une bourge, une parisienne,je me sentais ridicule,il était  normal que les autres se foutent de moi.
Eux portaient un jean, plus ou moins débraillés, et s' amusaient.

L'une et l'autre nous nous sommes mariées, avons eu des enfants, mais nous nous cotoyons peu.
Nous étions contente de nous retrouver dans certains repas de famille.
Nos retrouvailles manquaient de complicité.

Je me suis toujours sentie plus proche de mon oncle et ma tante,  Claire ; elle aussi disparue il y a 3 ans sans crier gare .

Début Février j'apprenais que Marie était hospitalisée sur Amiens, n'avait plus la force de se rendre sur Paris, cancer du foi, cancer des os .

Coup de massue ; savons tous que ces cancers là sont terribles, celui du foi emporte le malade dans un laps de temps trés court, et celui des os fait terriblement souffrir.

Ses proches dirons, Marie s'est battue seule ; depuis décembre savait et n'avait rien dit pour ne pas les inquiéter.
Sous son sale caractère se cachait une femme généreuse, courageuse, serviable.

La maladie la arrachée à la vie, à l'espoir jeudi dernier.
Jérôme, son mari a eu le temps d'arriver à l'hopital pour l'accompagner.

Rentrée chez elle vendredi , c'est autour des siens qu'elle a attendu lundi son enterrement.
Son souhait c'est réalisée, être prés de sa maman dans son village natale.
L'une et l'autre sont dorénavant voisine par la sépulture, mais réunie dans les cieux .

Entourée de ses enfants, Lucile et Romain, son mari Jérôme, Isabelle sa soeur la plus proche, Françis et Philippe ses frères et Aline la p'tite dernière. Dans la peine les conjoints, et ses nièces .

Et puis  nous , famille et amis réunis auprés d'eux pour partager cette peine.

Lundi, les cloches muettes de l'église de ce petit village ont revolé pour Elle.
Une foule siliencieuse et respectueuse l' accompagna.

Des fleurs nombreuses témoignaient de l'affection que chacun avait pour Marie.

Nous l'avons bénie, nous l'avons quittée sous les rythmes et les paroles des chansons de Jean-Louis AUBERT

Certaines chansons pouvaient paraître " déplacées" dans cet édifice religieux, mais à travers celle-ci, à travers le choix de Marie Thé; elles exprimaient que c'était mieux ainsi finalement.

Oui c'est déchirant de perdre une personne qu'on aime, qui plus est : son épouse, sa maman, sa fille; mais face à ces souffrances physiques et morales dans lesquelles tourbillonnent son quotidien, puisque c'est sans rémission, la voici enfin soulagée; reposée.

Le plus beau chant de la cérémonie fut celui-ci



Il restera de toi 

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Il restera de toi ce que tu as donné
Au lieu de le garder dans des coffres rouillés.
Il restera de toi, de ton jardin secret,
Une fleur oubliée qui ne s’est pas fanée.

Ce que tu as donné en d’autres fleurira

Il restera de toi ce que tu as offert
Entre tes bras ouverts un matin de soleil.
Il restera de toi ce que tu as perdu
Que tu as attendu plus loin que tes réveils.

Ce que tu as offert en d’autres revivra

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Il restera de toi une larme tombée
Un sourire germé sur les yeux de ton cœur.
Il restera de toi ce que tu as semé
Que tu as partagé aux mendiants du bonheur.

Ce que tu as semé en d’autres germera
Celui qui perd sa vie un jour la retrouvera.

rose-rouge.gif

Voilà Marie-Thérèse, tu es partie,  tu nous manqueras ; nous ne cesserons de penser à Toi.
Je connais ton optimisme, celle de ta famille qui ne cesse de dire aprés chaque événement douloureux que la vie continue.

J'avais fait ce rêve de nous réunir , nous les lions de cette année 60 pour souffler nos 50 bougies.

Pour le moment, le projet est en suspends, j'ai pas le coeur à préparer cette fête.

Si elle se réalise, avec nous tu seras.







 
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T
<br /> ce sont des moments toujours très difficile à vivre je suis passé par là , je sais ce que tu ressens<br /> Cinquante ans c'est l'age qu'avait mon petit frère lui aussi c'est ce maudit crabe qui l'a emporté<br /> <br /> <br />
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É
<br /> Tu parles très bien de ta cousine, Marie Thérèse. Je pense à  son courage. C'est beien jeune 50 ans pour quitter les siens. Bisous<br /> <br /> <br />
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I
<br /> Bonjour Picardine, c'est un  très bel hommage que tu rends pour  le départ de ta cousine .Je ne suis pas choquée par le choix de ces chansons, elles sont très belles.Pour le départ<br /> de nos garçons il y avait des chansons de ce genre.Mais c'est difficile de les entendre à la radio.Trouve ici ma compassion,bon courage à ta famille ,ce sale crabe ,n'en finit  pas de prendre<br /> ceux que nous aimons.Amitiès virtuelles ,je t'embrasse fort ,Lhoralys<br /> <br /> <br />
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M
<br /> C'Est bien triste le cancer du sein ...heureusement la prevention avance a grand pas ...personne ne peut dire la maladie c'est pour le voisin !<br /> Amities<br /> Gérard<br /> <br /> <br />
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P
<br /> C'est vraiment pas de chance pour Marie-Thérèse, car au final aprés l'un, l'autre, ensuite les reins, le foie; les os, ça c'est terminé en généralisé finalement, ne savait même plus parler<br /> . <br /> La médecine fait des progrés, mais pas encore assez, une destinée malheureuse pour Elle comme tant d'autres malheureusement. <br /> <br /> <br />